jeudi 29 juin 2017

Battre un record du monde

Battre un record du monde, obtenir un diplôme officiel et potentiellement figurer dans le Guinness Book des Records (GWB) a toujours été un rêve d'enfant.

J'avais reçu à Noël une édition de ce livre alors que j'avais environ 10 ans. Pas d'Internet ni de Wikipedia à l'époque, et ma soif de connaissances eut vite fait d'éponger toutes les informations passionnantes qu'il pouvaient contenir... Quelle gloire ce serait d'y figurer ! J'essayais de m'approcher de certains records, comparant mes performances athlétiques avec les données officielles afin de déterminer dans quelle discipline j'avais le plus de chance de parvenir à mes fins, ou encore repérant des records qui semblaient faciles et m'entraînant pour y arriver. Je me souviens notamment que dans une sous-catégorie France, était mentionné un exploit consistant à tenir le GWB à bout de bras pendant une heure et quelques... Je m'entraînai et parvins à le battre. Bon, j'étais couché sur mon lit (après l'heure de coucher officiel, il fallait bien s'occuper avant de trouver le sommeil) et le livre était bien à bout de bras mais mon épaule reposait sur mon lit. Je pense que c'est bien plus facile que debout bras tendu...

Récemment, je me suis remémoré ce rêve et, alors que j'avais un peu de temps, je me suis employé sérieusement à le concrétiser. Or, je ne suis pas Usain Bolt. Je n'ai pas la moindre aptitude dans laquelle je serais supérieur à plus de 6 milliards d'humains. Quel que soit le domaine. Il a donc fallu ruser un peu et le gros du travail a consisté à rechercher un record accessible. La base de données du GWB n'était pas encore en ligne à l'époque (à présent c'est beaucoup plus simple), mais diverses recherches m'ont permis de trouver une dizaine de catégories qui me semblaient abordables et, au final, j'ai réussi à battre 4 records différents après des entraînements compris entre 3 et 15 jours selon la catégorie. Pour les autres, j'ai foiré car même pour des records idiots, ce n'est pas toujours facile. J'ai également bien bénéficié de la présence éphémère du site d'homologation vidéo du GWB qui listait un certain nombre de records et pour lesquels le processus de validation était limité à l'envoi d'une vidéo. Ce qui est nettement plus simple que la démarche off-line (la seule qui reste à présent) qui nécessite une logistique souvent plus difficile à fournir que le record lui-même. Ainsi, même si j'ai trouvé pas mal de records d'endurance qui semblent très abordables, il faudrait que je trouve des médecins capables de m'examiner toutes les 4 heures, ou encore que je fournisse deux enregistrements vidéos différents et ininterrompus, le tout sous la présence continue de témoins, dont un officiel... Bref, à moins de payer pour bénéficier de l'organisme d'homologation de Guinness, c'est très difficile.

Pour illustrer comment je m'y suis pris pour obtenir mes diplômes et l'importance du choix des records, de la préparation et de l'interprétation habile de la règle, j'ai retrouvé dans mes notes une étude que j'avais réalisée sur le record de l'épluchage le plus rapide d'un œuf cuit dur. La règle spécifie juste la taille standard de l’œuf (de poule), le fait qu'il doit être cuit dur, froid et épluché à la main sans le recours au moindre accessoire. J'avais donc noté les astuces suivantes :
- La poche d'air de l’œuf se trouve du côté du bout le plus large. Il convient de commencer par ce côté et l'épluchage est infiniment favorisé par le fait que la membrane qui sépare l’œuf de sa coquille soit solide et emporte tous les petits fragments de coquille
- Essayer de passer l’œuf à l'eau froide dès la fin de la cuisson puis au frigo (cela réduirait la taille de l’œuf et le désolidariserait de la coquille)
- Utiliser des œufs périmés qui ont une poche d'air plus grande et une membrane plus épaisse
- Tenter la cuisson au vinaigre pour que la coquille soit moins solide.

Je n'ai jamais battu ce record et n'ai jamais tenté (je n'aime pas l'idée de gaspiller des centaines d’œufs en tentative et entraînement), mais j'ai utilisé le même processus de raisonnement et d'optimisation des conditions dans le respect de la règle pour toutes mes tentatives, et je pense que cela a énormément contribué à la réussite de cet objectif et à l'obtention de dix diplômes de recordman du monde, dans 4 catégories différentes...

mardi 20 juin 2017

Un certain rapport aux chiffres...

Mon épouse remarquait avec étonnement la façon dont nos enfants, et en particulier le petit dernier de cinq ans, était fasciné par les chiffres et aimait calculer tout et n'importe quoi. Il est à fond sur les heures ces temps-ci, et aime les réflexions du genre : "il reste 38 minutes avant d'aller se coucher" ou encore : "je suis debout depuis 56 minutes de plus que mon frère."
Je dois avouer que cela ne m'étonne pas tant que ça.
Petit (je pense que j'étais en primaire), je m'étais confectionné un grand tableau où figuraient toutes les combinaisons heure/minute et je notais chaque combinaison que j'observais sur mon radio-réveil. L'idée étant de toutes les voir au moins une fois, ce qui n'était pas une mince affaire pour celles de la nuit bien sûr. Et pour corser le tout, il fallait observer un écart de 60 minutes minimum entre deux observation (c'est un peu trop facile sinon...)
Un peu plus tard, j'ai mis en place un système de "retenues" pour les longues opérations de calcul mental que je réalisais dans mon lit avant de trouver le sommeil. Des multiplications et additions à cinq ou six chiffres ne m'effrayaient pas puisque je pouvais conserver les résultats intermédiaires non pas de tête, mais sur mes doigts/orteils... Et plutôt que notre bête système décimal qui ne permet de retenir qu'un chiffre de 0 à 10 sur nos doigts, je me suis vite mis à utiliser un système binaire qui permet de garder en mémoire n'importe quel nombre de 0 à 1023 avec ses dix doigts. Si on y ajoute les yeux (ouvert/fermé) et certains orteils (difficile de tous les faire bouger de manière indépendante), on obtient une puissance de calcul incroyable qui permet les opérations les plus folles, dont je notais à tâtons le résultats pour le vérifier le lendemain à la calculatrice.
Bref, si les chats ne font pas des chiens, je crois que mon épouse n'a pas fini d'être étonnée...