mardi 20 novembre 2018

De l'écologie de voyager en bateau

Pour les donneurs de leçon et autres casse-pieds qui sont capables de nous gonfler à calculer l'empreinte carbone de l'apéro auquel ils sont invités... "Et non, y'a pas de fruits de saison, et oui, ce sont des cacahuètes et pas des noisettes de la région dans cette coupelle..." Et qui, pour leurs vacances, font une croisière parce qu'on est plus prêt des vrais gens, et puis le bateau ça a l'air vachement plus éco-responsable que l'avion...

Ça en a l'air, mais ça n'en a pas la chanson comme dirait maman. Ci-joint un article du Canard enchaîné éloquent, à garder sous le coude et citer au bon moment pour démolir leur argumentaire de présupposés bidons et leur bonne conscience suintante d'individualisme refoulé qu'ils ont l'impudeur de brandir en étendard moralisateur à l'encontre du premier consommateur d'entrecôtes croisé.

Le chiffre choc à ressortir au milieu des noix de cajou : en terme de SOx, NO² et particules, un gros navire équivaut à un million de voitures !

vendredi 16 novembre 2018

Je suis trader

A la traditionnelle question qu'on pose aux enfants à propos de leur avenir : "et toi, qu'est ce que tu veux faire plus tard ?", la réponse que j'apportais a sensiblement varié avec mon âge.
A l'école primaire, mon plus ancien souvenir est que je voulais être vétérinaire, dans un élan altruiste d'amoureux de la nature (et des animaux) assez classique. Puis, je me suis dit que je n'aimais pas la vue du sang et que les études de médecine n'étaient donc pas pour moi...

C'est à cette époque (vers 9-10 ans) que s'est développé mon intérêt pour la numismatique, couplée à l'acquisition d'un détecteur de métaux par mon père. Cela a fait naître en moi un amour pour l'archéologie (qui ne s'est pas démenti) et une volonté d'exercer dans ce domaine (alternativement archéologue ou numismate). Mon stage de Troisième était dans cette veine (au Musée d'Archéologie local où j'ai pu découvrir effaré des monnaies incroyables endormies dans les réserves), mes premières adhésions associatives aussi (le club de numismatique de ma ville, où mon très jeune âge dépareillait bien au milieu des nombreux papys), jusqu'à mes options au lycée (histoire de l'art en seconde...)

J'ai alors rencontré un archéologue professionnel qui m'a ouvert les yeux sur la réalité du métier, loin du fantasme et plein de tracasseries administratives, coupes budgétaires et magouilles en tout genre autour des fouilles et des découvertes... Voici qui douchait un peu mon enthousiasme, car, il faut bien le dire, la passion est une chose mais j'ambitionnais tout de même de gagner le plus d'argent possible.

Hum, je crois que nous n'allons pas y couper, pour expliquer mon choix de carrière, il va tout de même falloir passer par une une introspection sur un trait de caractère qui me définit assez fortement : mon amour du pognon. D'où ça vient ? De mon éducation bien sûr, et probablement aussi d'un traumatisme d'enfant. Pas tant mon propre traumatisme, parce que je n'ai honnêtement jamais manqué de rien. Mais plutôt du traumatisme de mes parents et même mes grands-parents, qui ont tous trimé toute leur vie pour ne pas être dans la misère, et ça se ressentait à chaque instant. Tout ce que nous faisions ou discutions était centré sur des manières de gagner ou économiser de l'argent, toute activité nouvelle dans la famille était évaluée principalement sur ce critère, toujours. Avec très peu de bagages, sans héritages, c'est toujours grâce au travail et grâce à tout un tas de combines que le patrimoine familial est devenu de plus en plus intéressant. Loin d'être énorme, mais de quoi être bien à l'abri du besoin (grâce notamment à des besoins très limités), et cela constituait, pour toutes les générations, une inaltérable source de fierté.

A la même époque, le gouvernement français a eu la bonne idée de vendre ses fleurons à la population, via de fameuses campagnes de privatisations. Les plus anciennes dont je me souvienne sont apparues quand j'avais 12 ans. J'aidais alors mon père à comprendre les conditions de chaque opération et à passer les ordres dans le bureau de poste local... Et c'était génial, nous gagnions à tous les coups. Les actions étaient vendues à bon prix, avec une demande largement supérieure à l'offre. Sans doute, je pense, parce que le gouvernement ne pouvait pas se permettre de rincer plusieurs millions de petits épargnants qui étaient autant d'électeurs, si bien que nous gagnions des sous vraiment très facilement, en quelques jours, c'était incroyable ! Je me suis donc intéressé très vite au domaine, lisant tout ce que je pouvais sur le sujet, tentant à partir des cours historiques de découvrir des martingales et intuitant seul la notion de marche aléatoire avec mes archives boursières composées de vieilles coupures de journal. Je me suis ensuite intéressé aux IPO (qui ressemblaient bien à des privatisations, surtout à la belle époque de la bulle Internet), ai demandé pour mon quatorzième ou quinzième anniversaire comme cadeau un abonnement à Investir, ai compris que les conseilleurs ne sont pas les payeurs, ai découvert l'absence d'opportunité d'arbitrage en cas de détachement de dividendes ou d'attribution d'actions "gratuites", ai lancé un club d'investissement avec des amis intéressés en classes préparatoires. Bref, je me suis fait sans souffrir à moindre coût et avant même d'être majeur une culture et une expérience financière que beaucoup d'adultes n'auront jamais ou acquerront à la suite d'erreurs coûteuses.

Et au moment de choisir ma voie, un des premiers sacrifices qu'il a fallu faire, à la fin de la seconde, a été de choisir entre la voie scientifique et l'histoire de l'art, incompatibles dans mon lycée. Et, je m'en souviens très bien, dans un magazine du Centre d'Information et d'Orientation, il y avait un comparatif de salaires très complet entre tout un tas de professions. Je suis allé voir "archéologue". Il y était indiqué un bon salaire, bien plus que ce que gagnait mon père, ça c'était cool. J'ai cherché numismate, ça n'apparaissait pas. J'ai fouillé un peu dans les métiers de la finance, j'ai trouvé le métier de trader, qui semblait super et pas trop difficile : c'était ce que je faisais pour m'amuser. J'ai regardé le salaire... Wahou, c'était le plus haut de TOUTE la liste. Plus que les pilotes d'avion, les chirurgiens, des gens qui sauvaient des vies ou avaient la responsabilité du destin de centaines de personnes ! Tout ça pour jouer avec des actions. C'était incroyable, inimaginable, dans un sens incompréhensible mais c'était génial. Le plus bel arbitrage de ma vie qui s'offrait à moi : faire un truc amusant, sans d'autre pression que le stress de perdre de l'argent, pour gagner plus que des mecs qui allaient devoir faire dix ans d'études et avoir la mort de patients sur la conscience... Et à partir de là, c'est ce que j'ai voulu faire. J'ai cherché quelle était la voie conseillée : classes préparatoires puis école d'ingénieur ou de commerce... Hum, on pouvait continuer l'histoire en école de commerce, il fallait abandonner la physique qui était sympa aussi mais l'histoire c'était quand même plus cool. Et puis il y avait de l'économie aussi, ça tombe bien, j'avais suivi par procuration les cours de micro-économie d'une amie qui avait cette option en seconde et ça me plaisait bien. Tout collait, c'est ça que j'allais faire.

Et c'est ça que j'ai fait au final, tout a marché comme selon le plan. Je pense donc que j'ai bien mérité d'inscrire cet objectif dans ma liste de choses à faire avant de mourir et de le cocher avec un sourire satisfait.

mercredi 14 novembre 2018

Connaître 100 poèmes par coeur

Voici un élément un peu atypique de ma liste de choses à faire avant de mourir. Atypique car on ne le retrouve pas dans beaucoup de listes publiées sur Internet, et puis il est un peu bizarre... Quel intérêt de connaître 100 poèmes ?

Comme vous l'aurez compris en voyant cet élément classé dans la partie "Défi et développement personnel", c'est le challenge et l'"exploit" de mémorisation qu'il demande qui m'intéresse. Et plutôt que d'apprendre des choses vraiment inutiles, autant y joindre un petit aspect culturel avec ces poèmes, car on trouve toujours une bonne raison d'en ressortir un de temps en temps, alors c'est cool.

Je mets "exploit" entre guillemets car en fait, je ne suis pas sûr de la difficulté de connaître 100 poèmes. En fait, les chanteurs ou les acteurs apprennent et retiennent des textes très longs, et les champions de la mémorisation sportive arrivent à des prouesses à bases de listes de chiffres, mots, dates, etc. autrement plus impressionnants...

Pour préciser un peu le défi, on va éviter de ne choisir que des poèmes trop simples ou trop courts, en définissant l'objectif comme la connaissance d'au moins 100 textes en vers, qui représente un total de 2000 vers, soit une moyenne sage de 20 vers par poème (un peu plus qu'un sonnet donc). Un challenge additionnel intéressant serait d'en connaître dans un grand nombre de langues différentes...

Voici la liste, régulièrement mise à jour, de ce que je connais déjà, ce que je connais partiellement et ce que j'aimerais apprendre. A compléter bien sûr puisqu'on arrive juste à une grosse moitié de l'objectif...
Il y a pas mal de chansons, c'est tout de même plus simple à retenir, mais on se limitera aux textes un minimum littéraires...

Textes maîtrisés (572 vers, 5 langues) :
  1. La cigale et la fourmi, 1668, Jean de la Fontaine (22)
  2. Le corbeau et le renard, 1668, Jean de la Fontaine (20)
  3. Quand vous serez bien vieille, 1578, Pierre de Ronsard (14)
  4. Heureux qui comme Ulysse, 1558, Joachim du Bellay (14)
  5. La Marseillaise [couplets I, VI, refrain], 1792, Rouget de Lisle (21)
  6. Je vous salue Marie (7)
  7. Surate al-fathia (en arabe) (7)
  8. Les animaux malades de la peste, 1678, Jean de la Fontaine (64)
  9. Les Champs-Élysées, 1969, Gérard Contet (15)
  10. L'Aigle Noir, 1970, Barbara (37)
  11. Ne me quitte pas, 1959, Jacques Brel (30)
  12. Chanson d'automne, 1866, Paul Verlaine (18 vers courts qu'on comptera pour 6...)
  13. Je suis venu te dire que je m'en vais, 1973, Serge Gainsbourg (18)
  14. Chanson d'automne, 1853, Victor Hugo (20)
  15. Le loup et l'agneau, 1668, Jean de la Fontaine (30)
  16. Notre-Père (9, allez, même 10 parce qu'on connait les deux versions)
  17. Poème à Lou, 1914, Guillaume Apollinaire (14)
  18. Quatrain mnémotechnique de π, Anonyme (4)
  19. Horace - Tirade de Camille (IV,5), 1640, Pierre Corneille (22)
  20. God save the queen (hymne du Royaume-Uni, en anglais) [1er couplet] (7)
  21. Le Chanteur, 1978, Daniel Balavoine (35)
  22. Fotsiny, 1974, Georges Andriamanantena dit Rado (en malgache) (18)
  23. En hiver la terre pleure, 1855, Victor Hugo (16)
  24. Le coq et la perle, 1668, Jean de la Fontaine (12)
  25. La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf, 1668, Jean de la Fontaine (14)
  26. Les deux mulets, 1668, Jean de la Fontaine (19)
  27. Le nénuphar, 1996, Sophie L. (4)
  28. L'albatros, 1859, Charles Baudelaire (16)
  29. Les conquérants, 1893, José-Maria de Heredia (14)
  30. Sous le pont Mirabeau, 1912, Guillaume Apollinaire (14)
  31. Fratelli d'Italia (en italien) [1er couplet et refrain], 1847, Goffredo Mameli (11)
  32. Le cancre, 1946, Jacques Prévert (17) 
Bonne connaissance mais à rafraîchir (52 vers) :
  1. Vice et versa, 1992, Les Inconnus (34)
  2. Koullouna lil watan, 1925, (hymne libanais, en arabe) (18)
A apprendre (574 vers, 2 langues supplémentaires) :
  1. Ireland's call, 1995, (hymne de l'équipe d'Irlande de rugby, en anglais) (15)
  2. Bajo la lluvia, 1919, Juana de Ibarbourou (en espagnol) (26)
  3. Le Misanthrope - Tirade d'Alceste (I,1), 1666, Molière (27)
  4. Le cimetière marin, 1920, Paul Valéry (144)
  5. Demain, dès l'aube, 1847, Victor Hugo (12)
  6. The Star-Spangled Banner, 1814, (hymne des États-Unis, en anglais) (8)
  7. Flower of Scotland (I,III), 1967, (hymne écossais, en anglais) (18)
  8. Le dormeur du val, 1870, Arthur Rimbaud (14)
  9. Le lièvre et la tortue, 1668, Jean de la Fontaine (35)
  10. Le cri, 1871, Louise Ackermann (52) 
  11. Cyrano de Bergerac - Tirade des nez (I,4), 1897, Edmond Rostand (56)
  12. Le Chant des Partisans, 1943, Joseph Kessel - Maurice Druon (16)
  13. Le renard et le bouc, 1668, Jean de la Fontaine (31)
  14. Tant que mes yeux, 1555, Louise Labé (14)
  15. Le lion et le rat, 1668, Jean de la Fontaine (18)
  16. Le rat des villes et le rat des champs, 1668, Jean de la Fontaine (28)
  17. Le renard et les raisins, 1668, Jean de la Fontaine (8)
  18. Le renard et la cigogne, 1668, Jean de la Fontaine (28)
  19. Die Loreley, 1824, Heinrich Heine (en allemand) (24)

vendredi 9 novembre 2018

Une autre lettre ouverte à Albert Uderzo

Après un premier échec cuisant (mais annoncé) de ma première initiative de communication d'idées aux auteurs des aventures d'Astérix et Obélix, j'avais un peu renoncé à retenter ma chance dans ce domaine.
Pourtant, j'avais toujours cette image issue de mon album préféré, La Zizanie, qui traînait dans mes archives, mais je n'avais jamais pris la peine d'écrire quoi que ce soit à ce sujet, convaincu que la politique ultra-restrictive des Editions Albert et René ne laissaient aucune chance à mon initiative (voir la fin de l'article précédent pour plus de détails).



Bon, mon analyse n'a malheureusement pas changé, mais une très récente publication d'un autre monument de la BD belge a particulièrement attiré mon attention. C'est une réplique qu'on trouve dans le tout dernier Lucky Luke, Un cow-boy à Paris, par Achdé au dessin et Jul au scénario.

Je m'explique.

La planche d'Astérix attirait deux remarques. La première parfaitement formelle et superficielle à propos d'une petite erreur de colorisation. On s'aperçoit en effet que la cape de Brutus varie du bleu au rouge au fil des cases. Bon, rien de bien grave, d'autant plus qu'il me semble avoir lu une édition plus récente où le bug est corrigé. La seconde est plus intéressante : il s'agissait de suggérer une modification dans la réplique de César, remplaçant "Ils ont une potion magique qui les rend invincibles. Et range ce poignard, tu vas te faire mal, imbécile !" par "(...) Et range ce poignard, tu vas finir par tuer quelqu'un, imbécile !", en clin d’œil à la suite de l'Histoire, un grand classique des jeux de mots de Goscinny, qui ferait de plus parfaitement écho au "Et toi aussi, mon fils." de la bulle précédente.



Vous imaginez donc que j'ai été très amusé de retrouver exactement le même genre de référence historique dans cette réplique de l'épicier à Verlaine concernant l'utilisation d'une arme à feu par Rimbaud (qui, dans la vraie vie, sera blessé par balle par Verlaine lors d'une querelle amoureuse)... Bon, en vrai, Rimbaud est blessé en 1873 alors que l'assemblage à Paris de la Statue de la Liberté (le thème de l'album) a eu lieu de 1881 à 1884, mais bon, on peut pardonner ce léger anachronisme...

Alors chers amis de chez Albert et René, plutôt que de laisser la primeur de ce jeu de mots à Lucky Luke, ne croyez vous pas qu'il faudrait rendre à César ce qui lui appartient et améliorer ainsi la prochaine édition de La Zizanie ? Si vous l'avez fait pour la couleur de la cape, on peut bien le faire pour quelques mots dans une bulle, non ?

lundi 5 novembre 2018

Compte-rendu du premier marathon de ma vie

Il y a 72 heures, je courrais sur les routes de mon premier marathon. Un objectif de ma liste de 100 choses à faire et pour lequel j'explique motivation et préparation plus en détail dans ce billet.

Dans celui-ci, petit compte-rendu de la course et de mon état 3 jours plus tard.

Mon objectif était d'abord de finir et de battre la barrière horaire de 6 heures, si possible dans un temps s'approchant plus des 5 heures. Mais, pour éviter de se cramer sur ce parcours assez exigeant (car très vallonné, particulièrement au début), j'avais décidé de ne pas courir avec un rythme cardiaque supérieur à 140-145...

J'ai tenté l'aventure avec mon frère Marcel, qui avait déjà couru celui de Paris l'année dernière en un peu plus de 6 heures, et qui avait vraiment souffert d'un départ beaucoup trop rapide, en craquant autour du kilomètre 12-13. Cette stratégie économe nous a tout de même permis de partir sur les premiers kilomètres sur la base de 5h15, ce qui était très encourageant. Malgré tout, nous nous sommes très rapidement trouvés derniers à trois, puis, dès la première montée au bout de 2-3 km, juste tous les deux quelques mètres devant la voiture-balais. En effet, pour tenir un rythme de 145 bpm dans la montée, nous étions presque à un rythme de marcheur... Mais c'était le plan et le chrono restait bon.

Marcel lui-même n'a pu se résoudre à un tel rythme d'escargot, s'inquiétant d'être en retard sur son tableau de marche et m'a peu à peu décramponné pour prendre plus d'une minute d'avance et j'ai dû m'employer pour ne pas céder à la tentation d'aller plus vite. Un moment amusant a été d'entendre la voiture-balais contrainte de rétrograder en première pour ne pas caler juste derrière moi dans une côte...

Aux environs du 7ème kilomètre, j'entends quelqu'un trotter sur le bas-côté, remonter les quelques voitures du cortège final et se porter à ma hauteur. Une infirmière qui me demande si tout va bien... Je lui explique en détail ma stratégie et tente de la convaincre que je vais bien tenir les délais sur ces bases. Honnêtement, à ce moment de la course, je pense qu'elle n'était pas prête à parier beaucoup sur mon arrivée au bout des 42 km, même si je lui assure avec un grand sourire : "ne vous inquiétez pas, ça va le faire, et je ne serai pas le dernier à l'arrivée". Ce que je ne sais pas encore, c'est qu'au passage au dixième kilomètre (de nouveau groupé avec Marcel que j'ai rejoint au ravitaillement), le plus proche coureur qui nous précède a près de 10 minutes d'avance dans un espèce de gruppetto d'une quinzaine de marathoniens qui visent juste l'arrivée dans les délais... Autant dire que mon frère et moi avons l'air complètement en perdition...

Bon après analyse des résultats, plus de la moitié de ces aspirants-finishers finiront bien, mais dans la voiture-balais et je rattraperai la majorité des autres. Mais bon, on a beau dire qu'il ne faut pas partir trop vite, c'est humain, on se sent en forme, on déroule, on se dit qu'on prend de l'avance et que c'est bénéfique mais au final, on se grille beaucoup trop vite... Sans mon cardio qui me rappelait à l'ordre presque à chaque fois que je le regardais, j'aurais sans doute couru bien plus vite au début également, mais j'avais bien axé ma préparation sur l'allure marathon et cela m'a servi pour durer.

Le passage au semi en 2h47 permet de situer la lenteur de mon allure, mais aussi l'avance que j'avais prise sur la barrière horaire. Marcel va alors commencer à lentement craquer à partir de ce moment et finira juste dans les temps au terme d'un long calvaire et avec le soutien de tous les instants de notre infirmière particulière qui l'accompagnera pendant presque 20 bornes.

J'en ensuite réussi à courir sur un rythme très régulier, autour de 7mn40 à 8mn20 du kilomètre, mais mon cœur est rapidement devenu hors de contrôle, restant au minimum à 160 bpm et montant facilement à 180 à la moindre côte. Après quelques kilomètres à ce régime et des plateaux de plus en plus longs à 180, je me suis rendu compte que ce rythme m'attaquait trop et je me suis résolu à marcher dans les côtes dès que mon rythme cardiaque touchait les 180, pour reprendre la course au sommet avec un palpitant calmé à 160...

Enfin, après qu'un bénévole ait tenté de me décourager de terminer au ravitaillement des 10 kms de l'arrivée (mais moins que Marcel qui se verra arrêté par un médecin après une chute provoqué par une crampe, pour repartir contre son avis...), les derniers kilomètres seront bien difficiles, mais, assuré de terminer dans les temps même en marchant vite, et galvanisé par le fait de doubler quelques attardés et de sentir l'arrivée approcher, je finirai finalement en assez bon état, sans que la douleur crainte au genou ne se réveille !

En parlant de douleurs, quel bilan trois jours plus tard ?
Étonnement bon finalement. Les courbatures s'estompent déjà, elles étaient surtout présentes dans les fesses, les cuisses et se réveillaient après une période d'inactivité assise par exemple. Mais rien d'insupportable, moins difficile qu'après une grosse séance de Freelitics par exemple.
Des petites brûlures dues aux frottements, à peine ressenties durant la course, au niveau de l'intérieur des cuisses et des fesses sont parties en une journée après un petit coup de pommade d'hydrocortisone pour bien dormir.
Sur les pieds, une trace d'ampoule percée mais je n'ai pas ressenti de douleur particulière, et ma protection au niveau de l'endroit où j'avais des frottements à l'entraînement a bien fonctionné, RAS ici.
Seul signe extérieur encore visible 3 jours après, des brûlures sur le sommet des tétons, vraiment très douloureux, qui mettront une bonne semaine à cicatriser. Il faudra vraiment veiller à trouver un moyen de les protéger la prochaine fois...

Reprise de la course tout doucement deux semaines plus tard sans soucis. Pour se motiver à continuer, je vais chercher une course à préparer... Probablement un 10 kilomètres dans deux mois histoire d'avoir le plaisir de vraiment courir et d'effacer la frustration de devoir gérer l'effort sans jamais être essoufflé...

[Update fin décembre 2018] C'est fait pour le 10 km et, en dépit d'une motivation trop peu présente pour l'entrainement, le résultat est plutôt satisfaisant. Aucune douleur durant cette course si ce n'est des tétons un peu douloureux pendant 24 heures et une performance au rendez-vous : un peu moins de 52 mn, soit du 11.5 km/h qui constitue mon record pour une distance à 5 chiffres, autant dire que je suis très content !