lundi 29 septembre 2014

Nymphéas noirs (2011) de Michel Bussi

J'ai terminé hier soir ce thriller. Comme souvent d'une traite ou presque. Attention si vous ne l'avez pas encore lu, votre plaisir en sera gâché par la consultation préalable de cet article. Plus qu'une fiche de lecture détaillée, ce petit texte comprend surtout des réflexions en vrac, agrémentées de gros spoilers (vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas prévenus).

L'histoire se déroule à Giverny et une bonne partie de l'intrigue parle des Nymphéas de Monet. On y apprend que le peintre a passé les trente dernières années de sa vie à se concentrer sur son étang et ses nénuphars en particulier.

Le mécanisme narratif est admirable, avec l'énorme surprise finale qui veut que les trois héroïnes ne soient en fait qu'une seule et même personne à trois stades de sa vie, croisant d'ailleurs les mêmes protagonistes renommés par un habile petit truc très efficace qui permet de ne pas mettre le lecteur trop facilement sur la voie (enfants, ils utilisent des surnoms de peintres impressionnistes par jeu).

Cette chute spectaculaire est malheureusement un peu trop bien entretenu par quelques libertés qui piègent le lecteur un peu trop artificiellement dans cette illusion d'optique. C'est dommage d'autant plus que de si grosses ficelles n'étaient pas indispensables. Que ce soit en littérature ou au cinéma, j'adore les dénouements surprenants lorsqu'on a laissé au lecteur tous les éléments pour deviner, mais qu'il a été aveuglés par l'auteur et que la chute est une révélation... C'est, entre autres, pour cette raison que j'ai beaucoup d'admiration pour Alexandre Dumas, Gaston Leroux ou encore les scénaristes de la plupart des Colombo...

En revanche, je déteste me creuser la tête et avoir une révélation rocambolesque, souvent très spectaculaire, mais qui sort de nulle part et pour laquelle les éléments indispensables à son anticipation n'ont pas été habilement camouflés mais simplement lâchement passés sous silence... C'est de la triche. Je n'irai pas jusque là pour ce Bussi, mais pour certains détails on s'en rapproche un peu, ce qui est dommage.

Par exemple, quand la vieille est ralentie dans sa progression vers l'île aux orties par le paysan qui lui parle de cette voiture qui roule trop vite qu'on prend évidemment pour celle qui est passée 30 ans avant... Quand Fanette sort de la classe bouleversée de n'avoir pu parler à sa maîtresse, qui n'est en fait pas en compagnie de Laurenç, ou quand la vieille perd une partie de la conversation entre elle-même trente ans plus tôt et la veuve éplorée devant l'école à cause d'un peintre amateur américain...

J'ai toutefois beaucoup aimé la façon dont la narratrice prend à parti le lecteur, genre : "n'essayez pas de trouver tout seul la solution, vous n'y parviendrez pas" ou encore : "je sais c'est un peu long mais ça vaut le coup". Simple et terriblement efficace pour créer une vrai ambiance de polar...

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