mercredi 27 mai 2015

Isabelle Kocher aux Matins HEC

Petite prise de note à propos de l'intervention, tôt ce matin, de celle qui devrait bientôt devenir PDG d'Engie.

  • Il y a trop de liquidités dans le marché qui génèrent des bulles
  • "Le siège social d'Engie est en France et va y rester" (bon, ça on s'en fout un peu, mais je pourrai le ressortir si jamais ils délocalisent dans les deux-trois ans)
  • Une formule qui a bien marché : alors que le groupe passaient des provisions/dépréciations exceptionnelles (impairments) de 15 GEUR, l'équipe dirigeante avait déclaré : "nous avons déprécié le monde ancien..." Comme quoi, la finance peut aussi être marketing !
  • Une idée forte sur l'avenir de l'énergie : on va vers la décentralisation des réseaux, avec l'émergence de petites structures, autonomes grâce aux énergies renouvelables (surtout solaire en lequel elle croit beaucoup) et même l'intégration de la production d'énergie aux objets avec les nouvelles technologies qui permettent de fabriquer des capteurs miniaturisés et sans silicium. L'Inde, qui doute de sa capacité à créer de grands réseaux centralisés, parle de "prosumers" pour qualifier ces producteurs-consommateurs d'énergie, et on assiste en Afrique à une révolution similaire à celle des télécoms où le mobile s'est imposé sans passer par l'étape de mise en place de réseaux fixes et coûteux.
  • Cette révolution ne peut se faire sans la capacité d'innovation des start-ups. Mais, plutôt que d'essayer de les concurrencer, Engie sait que les grands groupes sont incontournables et ils investissent quand nécessaire, principalement dans les énergies considérées comme cruciales et qu'ils ne trouveront pas en mode ouvert.
  • Les centrales au gaz non fermées sont mises en sommeil. C'est un enjeu important car ce sont les seules capables de redémarrer presque instantanément (1/4 h) contrairement aux autres centrales thermiques et nucléaires.
  • Un bon manager doit avant tout développer les personnes car il faut, telle une image fractale, que tous les niveaux de l'organisation s'approprient la stratégie de l'entreprise et aient la capacité de s'adapter rapidement aux signaux faibles reçus localement. L'autre qualité important est d'ailleurs la faculté à analyser et comprendre ces signaux.
  • La tonne de carbone coûte aujourd'hui 5€ en Europe, il faudrait arriver à 30-40 € pour que cela commence à avoir un impact, avec un prix mondial qu'elle appelle de ses vœux. Après, il faut avouer que je n'ai pas saisi tous les enjeux stratégiques vitaux derrière ce dernier point, mais c'est pour ça qu'elle est (bientôt) PdG et que moi je ne suis qu'un auditeur à l'affût des miettes de connaissance et de sagesse qu'elle veut bien partager...

samedi 16 mai 2015

Le perce-oreille

Au détour d'un zapping, Karambolage sur Arte. J'aime bien Karambolage, c'est marrant cette manière de comparer deux cultures, ça mériterait d'être produit pour plus de couples de pays... Mais bon, j'imagine que si ça marchait ça aurait été fait, donc ça ne doit surement pas faire un carton.

Bref, dans l'émission en question, l'étude d'un mot, allemand cette fois, Ohrwurm.C'est un mot qui désigne cette petite bestiole qui ressemble à un gros cloportre jaunâtre avec un pince à l'extrémité de l'abdomen : le perce-oreille.

Si ce mot était mis à l'honneur, c'est d'abord parce que c'est ainsi que nos voisins désignent une chanson qui reste de façon entêtante dans notre esprit durant plusieurs heures, voir des jours entiers. Pas vraiment d'expression en français pour traduire ce phénomène courant... Je tenterais "rengaine entêtante" sans grande conviction.

Mais ce qui m'a intéressé, c'est l'explication étymologique du nom perce-oreille (et en allemand, littéralement "vers d'oreille"). D'abord, notons que dans toutes les cultures et toutes les appellations régionales par exemple, la notion d'oreille revient, pas forcément le fait de percer ou de pincer... Ainsi, le nom latin, forticula auricularia y fait également référence. Arte l'explique par le fait que dès l'Antiquité, on le réduisait en poudre pour en faire un médicament contre certains maux d'oreille. La notion d'oreille serait ainsi apparu dans le nom de la bête avant que l'usage médical ne tombe en désuétude...

La croyance populaire a alors inventé une explication pour expliquer le nom de la bestiole. En vrac : cet animal qui aime se cacher durant le jour dans toute sorte de trous pourrait rentrer dans les oreilles des dormeurs et causer des lésions à leur oreille interne (ou même pour les allemands pénétrer dans le cerveau pour y causer des troubles, d'où l'analogie avec la rengaine entêtante). Il peut également être accusé de percer les oreilles avec ses pinces qui peuvent vaguement faire penser à celles utilisées pour ouvrir la voie aux piercings. Ou même de manière un peu plus élaborée, vu sur Wikipédia, son nom viendrait du fait qu'on les retrouve souvent au cœur des fruits à noyaux très mûrs et, sachant que les quartiers d'abricot et de pêche sont appelés des oreilles ou des oreillons, le nom de perce-oreilles serait ainsi resté...

Je peux aisément comprendre comment ce genre de légendes idiotes peut se propager. Suite aux explications de ma mère, enfant, je croyais que ces insectes étaient obnubilés par l'idée de nous trouer les oreilles et mon frère et moi étions très effrayés par cette éventualité. Je me souviens même avoir raconté que j'en avais vu un sur l'épaule de mon frère, pince dressée vers le lobe de son oreille, prêt à s'y accrocher avec vigueur. Le pire est que j'ai encore l'image en tête de cette scène, que j'ai sans aucun doute inventé de toute pièce !