jeudi 24 septembre 2015

Tentative de donation au MOBA

Un de mes objectifs dans la vie est de réaliser une donation (ou une vente, encore mieux) d'un objet à un musée et que celui-ci m'en attribue le crédit. C'est même l'objectif n°7 dans ma liste de choses à faire avant de mourir.

Cette envie remonte au stage d'immersion en entreprise de 3ème durant laquelle j'avais passé une semaine dans le musée d'art et d'archéologie local. Il y avait des petites plaques qui remerciait les donateurs, ou qui disait simplement : "Don de Mme Michu, 14 avril 1922". Presqu'un siècle plus tard, le tableau dont s'était défait la mère Michu était probablement la dernière trace qu'elle avait laissé de son passage sur terre, et c'était quand même la classe, surtout quand la croûte dont elle se débarrassait s'avèrera une génération plus tard être d'un artiste renommé...

J'ai toujours pensé remplir cet objectif grâce à ma collection de monnaies. J'ai de très jolies pièces dont certaines sont connues à très peu d'exemplaires, et qui manquent dans la plupart des plus grandes collections du monde, à commencer par le Cabinet des Monnaies et Médailles en France, le British Museum ou l'American Numismatic Society pour ne citer que les plus fournies. Aucun doute qu'ils seraient ravis d'accueillir ma donation et que mon nom figurerait sur le site Internet à côté d'un scan.

Mais je n'ai pas encore envie de me défaire d'une partie de mes pièces. Et j'ai aussi l'ambition de tenter de les vendre en bloc lorsque ma collection sera la plus belle au monde dans son domaine (oui, rien que ça).

Alors, en attendant, je cherche des alternatives pour remplir cet objectif et, en fouillant un peu sur Internet, j'ai trouvé un musée pour le moins original qui acceptait des contributions à ma portée. Il se trouve à Boston et se nomme Museum of Bad Art. Comme son nom l'indique, le MOBA s'est fait une spécialité de rassembler les croûtes les plus infâmes, principalement comme un témoignage de la branlette intellectuelle dans laquelle se complaît une partie du microcosme des "artistes modernes". Ils ne le tournent pas ainsi mais c'est l'idée.

Et, comme ça tombe bien, lors de nos déménagements successifs, mon épouse s'était résignée à se débarrasser d'une petite création qu'elle avait réalisé (avec talent je trouve) quand elle avait une dizaine d'années. J'ai d'abord tenter de le vendre au prix fort avec un petit baratin, mais comme on peut s'en douter, ça n'a pas fonctionné (*: voire mise à jour à la fin de cet article). Alors je me suis dit que plutôt que de la jeter, j'allais essayer de faire d'une pierre deux coups : réaliser un objectif et faire entrer ma moitié dans la postérité. Je ne pense pas qu'elle sera vexée par le fait que son sens artistique d'enfant soit considéré comme immature et soit moqué par le thème même du musée... Enfin j'espère. De toute façon j'ai le droit : la sculpture est à moi maintenant, elle est passée par la case poubelle et était donc légalement res nullis avant que je ne me l'approprie et qu'elle ne devienne donc ma res propria... Vérifiez vos cours de droit si vous en doutez encore.

Voici donc le mail que j'ai envoyé aujourd'hui à l'adresse indiquée sur le site Internet du MOBA pour les généreuses contributions. C'est en anglais mais au cas où, Google (Traductions) est votre ami.


Dear MOBA curator,

Please find enclosed the picture of a sculpture I would be delighted to offer to the Museum if you think it can find its place in your collection.

This masterpiece come from France and the 'artist' explained its working in those words. Below is a tentative translation in case the French version is not clear. This work is pompously named "Angoisse de la page blanche (1992)" - Anxiety of the white page (1992)

Anne DURAND est une artiste née dans la seconde moitié du XXème siècle, lors d'une interview menée dans son atelier en 2008, l'artiste déclara s'inspirer du surréalisme de Dali et de la ligne claire pronée par Hergé, inspirations que l'on décèle dans l'aspect torturé du mobilier et des murs de la pièce ainsi que dans le dépouillement extrême du décor, qui retranscrit la solitude de l'artiste face à lui-même...

Anne DURAND is a French artist born in the second half of the twentieth century. In an interview conducted in her studio in 2008, the artist declared she was inspired from Dali's surrealism and Hergé's 'clear line' movement. Those inspirations can be detected in the tortured-aspect furniture and romm walls and in the extremely-bare scenery, which transcribes the solitude of the artists facing themselves...

The sculpture is 22 centimers large, 12 centimeters wide and 10 centimeters high and is close to one kilo heavy and is probably in glazed clay.

If you think this wonderful sculpture can join your collection, I will be happy to accomodate for the transportation.

Best regards,


Je mettrai à jour le billet si j'ai une réponse. En attendant, une petite photo. Pas si mal pour une gamine, non ? Et oui, je suis amoureux de ma femme, je la trouve super même quand elle sculpte de la terre de ses petits doigts malhabiles...



(*) : voici donc près de 18 mois plus tard la mise à jour tant attendue. Pas de réponse de la part du MOBA mais, contre toute attente, la sculpture qui végétait sur eBay depuis des années a finalement trouvé preneur ! Après avoir descendu le prix à 10 euros, je me suis dit qu'il fallait pour plus de crédibilité le fixer un peu plus haut, et c'est donc pour la modique somme de 50 euros qu'un acheteur éclairé s'est procuré la toute première œuvre d'une artiste en devenir... Épatant, non ?