Cette peinture est tirée d'un fait réel : la Méduse, partie avec 3 autres navires en 1816 pour reprendre le contrôle de la colonie française du Sénégal, libérée par les Anglais qui l'occupèrent durant le Premier Empire. Commandé par un noble qui n'a plus navigué depuis la Révolution, la Méduse s'échoue sur un banc de sable pourtant connu au large du Sénégal. On décide alors de construire un radeau de 20 mètres par 7 pour décharger le matériel et alléger le navire, mais alors que le bâteau s'enfonce et que le temps se gâte, l'évacuation est décidée. La plupart des notables s'enfuient sur les chaloupes de sauvetage et 151 malchanceux se retrouvent sur le radeau qui dérive pendant 13 jours.
Le reportage d'Arte suit des membres du Musée de la Marine de Rochefort qui ont décidé de reconstituer ce radeau. Ils comprennent ainsi comment il a été conçu et se rendent compte de sa flottaison très moyenne et des conditions de survie extrêmes : pas de vivres, du vin, l'impossibilité de se tenir ou de s'assoir... Cela explique le bilan catastrophique : 7 survivants...
Géricault a créé ce tableau monumental à l'occasion d'une exposition durant lequel il a fait scandale. Il s'est beaucoup documenté, à la fois sur le fait divers terrible (en rencontrant deux survivants et en reconstituant un modèle réduit du radeau) ainsi que sur la représentation des mourants (fréquentation des morgues, obtention de morceaux de cadavres...)
Les raisons du scandale sont multiples :
- L'incident était encore très récent et la responsabilité du capitaine évidente. Il était noble et intouchable, mais la révolution était passée par là et les mentalités avaient évoluées. Le titre fut d'ailleurs censuré en "Scène de naufrage"
- Le message politique est très présent : un métisse est le "héros" de l’œuvre et la fraternisation entre un noir et un blanc est un sujet polémique.
- La scène sous-entend un certain nombre de comportements "indignes" : cannibalisme (un cadavre est amputé), luttes (du sang sur le radeau), crises d'ébriété ou de folie...
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